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Tech : où sont les femmes ? L'histoire

A l’occasion de la journée des Femmes et Filles de sciences, Shopopop revient sur les figures féminines historiques du secteur qui ont marqué l'histoire.


Les femmes et la Tech : une vieille et belle histoire

Du XIX° siècle à la Seconde Guerre mondiale, la programmation est essentiellement effectuée par des femmes. Dans les années 50, la moitié des effectifs du secteur informatique sont encore des femmes. Elles resteront majoritaires jusqu’aux années 70. Dans les années 80, 40 % des diplômes informatiques étaient encore délivrés à des femmes en Europe et aux Etats-Unis. Revenons sur les grandes figures féminines de l’histoire et sur leurs inventions qui résonnent encore aujourd’hui.


Ada Lovelace : icône féministe et pionnière en science informatique

Ada Lovelace (1815-1852) est la fille du poète Lord Byron et d’une mathématicienne, Anne-Isabelle Milbanke. Elle va suivre une éducation approfondie en mathématiques et en sciences, ce qui était tout à fait inhabituel dans l'éducation d'une jeune fille de la noblesse de l'époque.

Ada Lovelace va collaborer avec le mathématicien Charles Babbage, inventeur de l’ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique. C’est en 1843 qu’elle va concevoir ce qui est aujourd’hui considéré comme le premier programme informatique au travers d’une écriture formelle des instructions à employer avec une machine analytique pour réaliser des calculs donnés. Elle a également décrit plusieurs possibilités offertes par les calculateurs universels, ce qui allait bien au-delà du calcul numérique et de ce qu'imaginaient ses contemporains.

Portrait d'Ada Lovelace

Hedy Lamarr : actrice et inventrice

Hedy Lamarr (1914-2000) va faire carrière dans le cinéma mais pas seulement. Elle a également marqué l'histoire des télécommunications en inventant avec le compositeur George Antheil un moyen de coder des transmissions. Elle va ainsi déposer un brevet pour sécuriser les télécommunications via étalement de spectre par saut de fréquence en 1941. Ce principe de transmission est toujours utilisé pour les liaisons wifi et bluetooth, le positionnement par satellite ou les liaisons chiffrées militaires par exemple.

Ils créent alors un « système secret de communication » : le brevet décrit un système de variation simultanée des fréquences de l'émetteur et du récepteur, selon le même code enregistré. Dans le but d'aider les Alliés dans leur effort de guerre, ils rendent leur invention immédiatement libre de droit pour l’Armée des Etats-Unis. Cependant, cette idée était tellement novatrice que l’armée américaine l’a d’abord perçue comme « irréalisable » et elle ne fut pas mise en pratique à l'époque. Officiellement, c’est lors de la crise des missiles de Cuba et pendant la guerre du Viêt Nam que le procédé fut utilisé pour la première fois par l'armée américaine. Lorsque le brevet tomba dans le domaine public en 1959, le dispositif fut récupéré par les fabricants de matériels de transmission, notamment les fabricants de téléphones portables. 

Pourtant, Hedy Lamarr n'a jamais reçu de compensation financière pour son invention : la législation américaine n'accordait que 6 années après le dépôt de brevet pour la réclamer. D’autre part, il lui était répondu que son invention n'avait pas servi.

Jusqu'à sa mort, elle continuera de produire des inventions et laissera derrière elle de nombreux projets jetés sur le papier.

Portrait d'Hedy Lamarr

Les « ENIAC six » : les premières à programmer l’un des premiers ordinateurs de l’histoire

En 1945, Kay McNulty, Betty Jenning, Betty Snyder, Marlyn Meltzer, Fran Bilas et Ruth Lichterman, surnommées les «ENIAC six», prennent part à un projet secret consistant à programmer un super ordinateur pour un calcul balistique.

Leur travail consiste alors à identifier les étapes des calculs pour les tables de tirs balistiques et à câbler physiquement l’ordinateur. Ce qui n’est pas une mince affaire car l’ENIAC c’est :

  • un poids total de 30 tonnes,
  • une hauteur de 30 mètres,
  • un volume de 30 mètres cubes,
  • l’utilisation de 18 000 tubes électroniques.

Ainsi, ce grand monolithique était de 100 à 1000 fois plus rapides que les appareils électromécaniques. En revanche, il fallait le câbler de nouveau pour l’exécution de chaque programme.

Débranché 10 ans après sa mise en service, l’ENIAC a eu une influence majeure sur la croissance de l’informatique électronique.

Vous connaissez aussi certaines des « ENIAC six » pour ce qu’elles ont fait ensuite, comme Grace Hopper qui a imaginé la notion de « compilateur », un programme capable d’associer un code source et un langage plus accessible pour les développeurs, en développant le premier modèle d’ordinateur en 1952. Ou Mary Keller, qui, elle, soutient la première thèse en informatique et obtient un doctorat en 1965. Ou encore Margaret Hamilton à qui l’on doit le terme de « software engineering » et qui conçut le système embarqué du programme spatial de la mission Apollo 11… Au cours de laquelle des hommes se sont posés sur la Lune pour la première fois, le 21 juillet 1969.

Portrait des eniac 6

Annie Easley : ordinateur humain et voitures hybrides

Annie Easley (1933-2011) est une informaticienne, ingénieure et mathématicienne. C’est l’une des premières informaticiennes à travailler pour la NACA et l’organisation qui lui succède, la NASA. Elle a commencé sa carrière comme « ordinateur humain », faisant des calculs de simulations du réacteur Plum Brook qu'elle réalise à la main. Elle étoffe ensuite ses compétences et devient programmeuse (Fortran et SOAP). Elle finira par diriger l’équipe d'analystes programmeurs de l’étage de fusée Centaur où elle développe les codes de plusieurs systèmes de conversion d'énergie notamment pour les véhicules à batteries. 

Son travail au Lewis Center va notamment servir au développement de plusieurs études portant sur l’aéronautique et l'informatique. C’est elle qui a développé et mis en œuvre le code qui a conduit au développement des batteries utilisées dans les voitures hybrides.

Ainsi, il est frappant de voir que l’histoire de l’informatique n’est pas uniquement le domaine des hommes, et que les femmes ont été des pionnières du secteur de la Tech. Pourtant, en l’espace de 20 ans, la place des femmes dans le secteur informatique s’est réduite de moitié. Ainsi, en 1982, 35 % des emplois d’informaticiens en France sont occupés par des femmes. Aujourd’hui, 12 % de femmes travaillent dans ce secteur en France. La sous-représentation des femmes dans le secteur du numérique est donc un fait récent et l’histoire démontre que lorsqu’un champ du savoir prend de l’importance dans le monde social, il se masculinise.

En effet, c’est dans les années 90 que le nombre de femmes dans les filières numériques chute. D’une part, l’informatique est devenue un enjeu stratégique avec l’importance du traitement et de l’analyse des données et l’avènement de l’intelligence artificielle. On assiste alors à une masculinisation du secteur. D’autre part, avec l’arrivée des ordinateurs individuels, les foyers s’équipent. Mais ce sont majoritairement les hommes (pères et fils) qui en ont l’usage.

Portrait d'Annie Easley

Ainsi, l’histoire de la Tech s’est construite notamment au travers de grandes figures féminines que l’on redécouvre actuellement. Pourtant, la place des femmes dans le secteur du numérique pose aujourd’hui question car celles-ci sont sous-représentées dans le secteur du numérique. C’est fait de société qui découle de plusieurs facteurs , et dont nos collaboratrices témoignent.

Écrit par L'équipe Shopopop
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