
Le sujet brûlant qui préoccupe en permanence les acteurs de l'e-commerce, c’est la livraison. Et plutôt sa dernière partie, celle dite du « dernier kilomètre ». Dernier kilomètre, mais loin, très loin d’être à la dernière place du budget ! Quand cette ultime étape représente entre 35 et 53% des coûts de livraison [1], une réflexion s’impose.
Face à ce défi grandissant, de nouvelles méthodes de livraison ont émergé avec notamment le cotransportage et l’ubérisation. La première repose sur l’économie collaborative, avec un système d’entraide entre particuliers. La seconde, sur des plateformes numériques (comme Uber ou Deliveroo) et des travailleurs indépendants. Les deux concepts sont diamétralement opposés bien qu’ayant le même objectif. Ils révolutionnent la livraison et pour cela, ils sont de plus en plus plébiscités par les clients.
Le cotransportage, un service de livraison innovant
Le dernier-né en matière de livraison
Le concept, apparu en 2015, est on ne peut plus simple : des particuliers profitent de leurs trajets du quotidien pour livrer des courses à d'autres particuliers. En d’autres termes, c’est de la livraison collaborative.
Le client passe commande auprès d’un commerçant partenaire et choisit son jour, créneau et lieu de livraison. Lorsque la commande est prête, le vendeur l’indique sur la plateforme puis la confie au cotransporteur qui a réservé la livraison grâce à une application dédiée. C’est pour les particuliers, par les particuliers. Tout le monde peut devenir cotransporteur, même une fois dans sa vie ! Le trajet maison-bureau, par exemple, devient l’occasion de rendre service à quelqu’un, tout en recevant quelques euros en échange.
En plus d’être simple, cela profite à l’économie collaborative. Les enjeux économiques et sociaux de ces dernières années ont poussé les consommateurs à repenser leurs achats, à se tourner plutôt vers une économie circulaire. Consommer local pour faire des économies et protéger la planète, c’est la tendance.
Comment le cotransportage révolutionne la livraison du dernier kilomètre ?
Le commerçant se déleste d’une grande partie de sa logistique et de la gestion du suivi client. En effet, le suivi de la livraison est géré par la plateforme collaborative afin de garantir la meilleure expérience client possible, pour une satisfaction client optimale.
Dans le dernier kilomètre, ce sont souvent les tournées spécifiques qui posent des difficultés.
- Dans les zones urbaines, les véhicules ne sont pas toujours adaptés pour circuler. Sans oublier que des réglementations se mettent en place (les Zones à Faibles Émissions, ZFE), rajoutant encore plus de contraintes dans la gestion des tournées.
- Dans les zones rurales, il y a plusieurs difficultés à prendre en compte : la faible présence des enseignes, les distances éloignées ainsi que les routes pas toujours accessibles.
Il faut prendre en compte, et cela qu'importe la zone, l'organisation rigide des tournées avec l'obligation de remplir suffisamment le véhicule pour partir livrer. Tous ces aspects entraînent fréquemment des créneaux non respectés, des erreurs de livraison, et un manque de flexibilité. Le client final est frustré et mécontent… et ne s’en cache plus, notamment via les réseaux sociaux ou les sites de notation.
Le cotransportage, en revanche, permet un maillage fin du territoire grâce à des trajets optimisés, un avantage que les transporteurs professionnels ne peuvent offrir. Cette proximité et cette souplesse renforcent l'expérience client, un atout majeur quand 68 % des Français disent avoir déjà rencontré des problèmes lors d'une livraison.
Côté empreinte carbone, là aussi, c'est intéressant. La livraison est optimisée puisqu’elle se greffe sur des trajets déjà existants. Finis les voyages à vide pour le cotransporteur. Et pour le client final, c’est aussi l’opportunité de vivre une expérience de proximité. La livraison prend alors des allures de service local et humain, un aspect de plus en plus recherché et qui devient un véritable atout pour les enseignes. En effet, une livraison réalisée sur un trajet régulier (trajets renseignés par les cotransporteurs dans l'application) permet d'économiser jusqu'à 74% de CO₂e comparé à un trajet réalisé par le client qui aurait lui-même été récupérer ses courses en magasin.
Cette dimension humaine et locale répond à une demande croissante de proximité et de connexion. De plus, le livreur joue un rôle important puisque c'est lui qui représente l'enseigne, qui est le point de contact humain avec le client. Alors, il est essentiel que ce dernier véhicule une bonne image. Un cotransporteur, n'ayant généralement qu'une seule livraison à réaliser, aura le temps nécessaire pour échanger avec le destinataire. De plus, il est fort probable que le cotransporteur fasse partie de la même ville, voire du même quartier, renforçant ainsi l'impact social !
L'ubérisation, un modèle rapide et flexible
Le terme « ubérisation » vient de l'entreprise américaine Uber, qui, dans les années 2010, a révolutionné le marché du transport de particuliers. Mais pas que. Le commerce en ligne et la restauration se sont emparés de cette nouvelle méthode, bouleversant ainsi le monde de la logistique. Au-delà de l’émergence d’un modèle inédit, l'ubérisation a transformé notre manière de consommer. En 2023, le seul marché de la restauration en livraison s’élevait à plus de 7 milliards d’euros en France.
Un succès grandissant
Pourquoi ce succès ? Les plateformes comme Uber Eats, Deliveroo ou Glovo permettent à l’utilisateur de passer commande à (presque) toute heure de la journée et d'être livré dans l’heure. Un gain de temps quand on cherche à optimiser sa journée. Le quick commerce, avec ses livraisons ultra-rapides, mise sur le modèle de l'ubérisation pour répondre à une demande croissante de consommation immédiate
Même le porte-monnaie reste au chaud. Comme les frais sont partagés avec le livreur, le consommateur paie en fonction de la course. Pas de frais fixes, ni de forfait, comme peuvent appliquer les géants de la livraison.
Le modèle d’ubérisation côté commerçant, ça donne quoi ?
C’est aussi une aubaine pour les vendeurs qui peuvent proposer un service de livraison sans avoir à investir dans une flotte ou du personnel dédié.
L’amplitude horaire est également étendue, les heures creuses sont maximisées, tout comme leur revenu.
En parallèle, des milliers d’emplois ont été créés, permettant aux livreurs d’avoir une activité plus flexible, complémentaire ou principale. Les commerçants en profitent aussi puisqu’ils sont désormais capables de répondre rapidement aux demandes des clients.
Pourtant, l’ubérisation soulève des questions concernant les livreurs et la dépendance des commerçants à ces plateformes.
Des zones d’ombre ?
L’ubérisation paraît être une solution idéale à tous points de vue, mais elle présente des limites qui impactent livreurs et commerçants.
Le défi majeur, c’est la dépendance aux plateformes qui dictent les prix, la visibilité et détiennent les données client. Avec des commissions pouvant atteindre les 30% d’une commande, les marges sont drastiquement réduites.
Les commerçants ne sont pas les seuls à subir les conséquences de ce modèle, qui repose sur le statut d’indépendant des livreurs.
Alors évidemment, l’éthique entre en jeu. Sans couverture sociale ni congés maladie, ils se retrouvent exposés à une précarité bien plus grande que celle des salariés. En France, les livreurs gagnent entre 9€ et 14€ brut de l’heure, sans compter l’entretien du véhicule et les frais de déplacement.
À cause de cette instabilité des revenus, ils se voient contraints d'enchaîner les courses pour rentabiliser leur temps de travail.
Et la planète dans tout ça ?
Cette pression impacte aussi l’écologie à cause des trajets à vide entre chaque commande. Le résultat ? Des émissions de CO₂e en plus et la congestion urbaine qui ne cesse de gêner les riverains. À Paris, la livraison du dernier kilomètre est responsable de 30% des émissions de CO₂e [2].
Au-delà des livreurs, l’ubérisation affecte également la relation des clients avec les commerçants. Les commissions des plateformes réduisent significativement leurs marges, forçant certains à ajuster leurs prix et à renoncer à fidéliser leurs clients.
Cotransportage et ubérisation : deux approches face aux défis de la livraison locale
Malgré les avantages indéniables de l'ubérisation, ses limites en termes de précarité, d'impact environnemental, et de dépendance des commerçants invitent à explorer des alternatives plus durables, comme le cotransportage.
Alors face à ces défis constants, quid de la meilleure solution pour se faire livrer ?
Comment choisir entre cotransportage et ubérisation selon vos besoins ?
Les deux modèles se distinguent nettement par leur approche respective en matière de livraison. Les livreurs particuliers jouent un rôle clé dans le modèle de cotransportage, en effectuant des livraisons occasionnelles et optimisant les trajets du quotidien. L'approche humaine et collaborative est privilégiée et le maillage territorial est adapté aux zones locales et rurales. Ce modèle collaboratif valorise des valeurs d’entraide et le développement durable, en apportant une dimension de proximité et de transparence.
En revanche, l'ubérisation fait appel à des travailleurs indépendants pour qui la livraison est une activité principale. Ce modèle est particulièrement adapté aux zones urbaines, où les besoins de rapidité sont concentrés. Cependant, l'ubérisation entraîne des coûts plus élevés en raison de la rémunération du livreur et des frais de plateforme. Bien que ce modèle permette une expérience client fluide, la captation des données par les plateformes limite le contrôle des commerçants sur leur relation avec les clients.
Cotransportage et quick commerce : concurrence ou complémentarité ?
Comment choisir le bon modèle adapté à ses besoins ?
L'ubérisation séduit par sa rapidité et sa flexibilité, notamment en milieu urbain. Cependant, c’est un modèle qui présente des limites en termes d’éthique, d’écologie et de contrôle des données par les entreprises.
À l’inverse, le cotransportage propose une approche plus durable, humaine, et économique, particulièrement bien adaptée aux livraisons locales. En optimisant des trajets existants et en favorisant un lien de proximité, le cotransportage se distingue par ses valeurs de collaboration et de transparence, ce qui en fait une solution en phase avec les préoccupations environnementales et sociales actuelles. Surtout quand on sait qu’en 2023, 79% des consommateurs européens disaient attendre des entreprises qu’elles adoptent des pratiques durables [3].
Alors, l’enjeu des consommateurs d’aujourd’hui est-il d’être livré le plus rapidement possible ou plutôt au moment voulu, qui plus est, en réduisant les émissions de CO₂e ?
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Sources :
[1] : https://www.amcsgroup.com/fr/blogs/livraison-du-dernier-kilometre-gagner-en-efficacite-et-reduire-les-couts-d-exploitation/
[2] : https://solutions.lesechos.fr/ils-en-parlent/c/livraison-du-dernier-kilometre-vers-un-futur-plus-vert-40359/
[3] : https://osapiens.com/fr/blog/csrd-le-reporting-de-durabilite-de-demain/