Dans le domaine de la livraison, la notion de "dernier kilomètre" est primordiale à l’élaboration d’une stratégie logistique. Il représente la dernière étape du processus de livraison, celle qui relie l'entrepôt ou le centre de distribution, au consommateur final. Bien que ce dernier segment soit souvent court en termes de distance, il se révèle complexe et coûteux à organiser. De plus, il présente des enjeux écologiques majeurs qui nécessitent une attention particulière.
Quels sont ces enjeux et quelles sont les solutions qui s’y prêtent ?
Le Dernier Kilomètre : Définition et Enjeux
Définition du Dernier Kilomètre
Le terme "dernier kilomètre" désigne le dernier maillon de la chaîne logistique, celle qui délivre les commandes des centres de distribution jusqu'aux consommateurs finaux. Cette étape est clé dans le cadre d’une expérience client réussie, mais elle est aussi la plus coûteuse et la plus difficile à optimiser. La densité de population, la variabilité des destinations, le trafic et les attentes de rapidité sont des enjeux clés en matière de réussite.
Enjeux Économiques et Opérationnels
Le dernier kilomètre est responsable d'une part importante des coûts totaux de la livraison. Selon certaines études, il peut représenter jusqu'à 53% des coûts logistiques. Cette charge élevée est due à plusieurs facteurs : des infrastructures peu développées, des difficultés de livraison en zones urbaines, mais aussi des tournées non optimisées. Également, les clients sont de plus en plus exigeants en termes de qualité de livraison. Pour 88 % d’entre eux, la livraison est autant importante que le produit acheté en lui-même. Par ailleurs, il est à souligner que 67 % des e-consommateurs souhaitent être livrés le jour même.
Des livraisons rapides, fiables et flexibles sont devenues la norme, augmentant la pression sur les entreprises de logistique pour améliorer leur efficacité. Ainsi, depuis le boom de l'e-commerce, et dans un cadre concurrentiel féroce, les acteurs de la logistique s’organisent pour des livraisons toujours plus rapides et à moindre coût. Pour satisfaire ces critères, les flux de logistique sont éclatés, nécessitant l’augmentation du nombre de véhicules utilitaires, donc des coûts, dans un contexte dans lequel 20 % des trajets sont réalisés à vide et où le taux de remplissage ne dépasse pas 65 %[1]. Ces éclatements de flux induisent des enjeux écologiques d’envergure.
Enjeux Écologiques
Le dernier kilomètre a un impact environnemental significatif. Les livraisons en milieu urbain contribuent fortement aux émissions de CO2 et à la pollution atmosphérique. Le transport de marchandises en agglomération représenterait environ 20 % des kilomètres parcourus ainsi que jusqu’à 25% des émissions de gaz à effet de serre. Les véhicules, souvent alimentés par des carburants fossiles, aggravent la qualité de l'air et affectant la santé publique. Il en reste que la prise de conscience est marquée, dans la mesure où 73% des retailers affirment avoir progressé quant à leur impact environnemental en livraison du dernier kilomètre. Ce chiffre est marqué par une augmentation de 19 points sur un an [2]. Par ailleurs, cette prise de conscience traduit l’expansion des Zones à Faibles Émissions (ZFE), qui d’ici à 2050 toucheront l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants.
Ces ZFE consistent en des zones où la circulation des véhicules les plus polluants sera limitée à des plages horaires, ou complètement interdite. D’ici là, l’objectif est, pour la livraison de marchandises, d’optimiser de 9,8t à 12t le poids chargé des camions, de sorte à fluidifier les opérations de logistique [3].
Solutions Écologiques pour le Dernier Kilomètre
Véhicules Électriques et Énergies Renouvelables
L'adoption de véhicules électriques (VE) pour les livraisons du dernier kilomètre est une solution prometteuse pour réduire les émissions de CO2. Les VE, alimentés par des sources d'énergie renouvelable, peuvent diminuer l'empreinte carbone des opérations logistiques. Des entreprises comme Amazon et UPS ont déjà commencé à intégrer des VE dans leur flotte de livraison, avec des résultats encourageants. En plus d’avoir un impact moins important en termes d’émissions de gaz polluants, la pollution sonore s’en voit également réduite.
Le cotransportage
Le cotransportage est un mode de livraison qui simplifie la vie de tous, en optimisant les trajets existants de particuliers qui utilisent régulièrement leur véhicule. Le principe est simple : Un client final effectue une commande en ligne ou en magasin et requiert une livraison à domicile. En quelques clics, le commerçant valide et prépare la commande qu’un cotransporteur va venir récupérer puis livrer au destinataire final.
Chaque livraison effectuée par un cotransporteur Shopopop représente une économie de 1240g de CO2 [4] en comparaison à un aller-retour effectué par le consommateur pour aller retirer lui-même sa commande . En termes de livraisons cumulées, cela représente l’équivalent sur l’année 2023 de 140 tours du monde en avion [4]. Ces moindres impacts sont permis grâce à notre communauté de plus de 150 000 cotransporteurs actifs au travers de toute la France.
Utilisation de Modes de Transport Alternatifs
L'utilisation de modes de transport alternatifs tels que les vélos cargo, les scooters électriques, et même la livraison à pied, peut également réduire l'impact environnemental du dernier kilomètre. Ces moyens de transport sont particulièrement adaptés aux zones urbaines denses, où les véhicules de plus grande capacité peuvent être inadaptés et polluants. C’est par exemple le cas à Nantes, où l’entreprise Green Course propose la livraison à vélo, de lettres et marchandises de moins de 150 kilos dans l’agglomération. Depuis 2013, les coursiers, cyclistes effectuent auprès de professionnels, des livraisons qui se veulent vertueuses, avec un impact environnemental moindre.
Optimisation des Itinéraires et Technologies Avancées
L'optimisation des itinéraires grâce à l'utilisation de technologies avancées, comme l'intelligence artificielle (IA) et les systèmes de gestion de flotte, peut réduire les distances parcourues et les émissions associées. Ces technologies permettent de planifier des itinéraires plus efficaces, de suivre en temps réel les conditions de trafic, et d'ajuster les plans de livraison en conséquence.
Le dernier kilomètre représente un défi majeur en termes de logistique et d'impact environnemental. Cependant, des solutions plus vertes permettent de répondre à ces enjeux. L'adoption de véhicules électriques, la création de micro-hubs urbains, l'utilisation de modes de transport collaboratifs, l'optimisation des itinéraires et l'encouragement des comportements responsables sont autant de stratégies qui peuvent réduire l'empreinte carbone de cette étape. En investissant dans ces solutions, les entreprises de logistique et commerçants peuvent non seulement améliorer leur efficacité opérationnelle, mais aussi contribuer à un avenir plus durable.
Sources :
[1] ADEME - Réduire l’impact carbone du dernier kilomètre
[2] WOOP livraison du dernier kilomètre 2024
[3] Infographie-Programme EVE Stratégie nationale bas-carbone
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